L'affiche de discorde
Mercredi 15 février Nicolas Sarkozy a annoncé officiellement sur TF1 sa candidature, comme on pouvait s'y attendre. Mais je ne veux pas parler de politique, il s'agit d'un cas été digne avant cet événement et touchant le candidat à la présidentielle.
Samedi 11 février Nikolas Sarkozy a apparu sur la couverture de la "Une" du Figaro Magazine. Tout le monde a interprété cette image comme la première affiche de la campagne électorale du président, il est raisonnable. Mais François-Xavier Bourmaud, journaliste politique au Figaro, a déjà publié 9 février sur son compte Twitter la motion adoptée par la Société des journalistes du quotidien (SDJ):
On peut y lire: "Les journalistes du Figaro (...) demandent au directeur de la rédaction de veiller à ce que les articles mais aussi les titres et les manchettes rendent compte de manière complète et pluraliste de l'actualité (...) sans occulter tel ou tel sujet au motif qu'il pourrait embarrasser l'actuelle majorité".
Encore: "Depuis plusieurs mois, les motifs d'interogation se sont accumulés pour la rédaction, ainsi que les manchettes à sens unique suscitant l'ironie dans les revues de presse.
Enfin: "Le Figaro, journal d'opinion, n'est pas le bulletin d'un parti, d'un gouvernement ou d'un président de la République".
Le directeur des rédactions du Figaro Etienne Mougeotte a répondu au lendemain de cette publication dans une interview au JDD.fr: "Ça veut dire que c'est du bon travail! L'objectif n'était pas la volonté de montrer un candidat en campagne mais d'attirer l'attention des lecteurs. C'est simplement et seulement une démarche marketing comme font tous les quotidiens et tous les magazines. On espère bien que cette manchette permettra aux lecteurs de passer à l'acte et d'acheter".
Quelque chose n'est pas clair? "La ligne éditoriale plaît aux lecteurs comme elle est, ça fonctionne. Je ne vois pas pourquoi j'en changerai. Oui, l'information est rapportée dans la grande tradition du Figaro. Nous sommes un journal de droite et nous l'exprimons d'ailleurs de manière claire. Les lecteurs le savent, les journalistes aussi. Il n'y a rien de nouveau sous le soleil!"
C'est Etienne Mougeotte qui avait dit en 2011 que le Figaro n'était pas là pour "emmerder la droite" et que les journalistes qui n'étaient pas "à l'aise" pouvaient postuler à Libération.
Voilà un exemple classique de l'opposition entre la rédaction et propiétaire de l'édition. Bien sûr, chaque partie a des arguments de poids en faveur de soi. La liberté de la presse et d'opinion ou la cote de popularité et le tirage. Ces choses-là sont presque incompatibles. Un lecteur de Figaro est droit, il veut voir des opinions droite dans son journal. L'apparition de l'interview avec Sarkozy dans le Figaro est clairement, les arguments des partisans d'Etienne Muogeotte sont économiques ou pragmatiques.
Mais où se trouve le contexte de cette publication? La personne, qui a une place grande et publique et qui pose sa candidature aux élections présidentielles, elle doit comprendre que ne peut pas jouer deux rôles en même temps. Ce n'est pas une question économique, c'est une question politique. En ce cas je me range du parti de SDJ.